« Interpel’AMOs » est un collectif qui regroupe différents services AMO de milieu urbain, semi-urbain et rural répartis sur l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous nous réunissons autour de notre mission commune d’interpellation, et plus particulièrement autour de la problématique de l’accès à la mobilité pour les jeunes et les familles. Nous avons pu relever à travers notre diagnostic de terrain que la mise en œuvre de la déclaration internationale des droits de l’enfant était entravée lorsque les jeunes et familles, surtout les plus fragiles, ne parviennent pas à se déplacer aisément dans leur quotidien.
Ne pas pouvoir se déplacer est un facteur d’exclusion.
Les problèmes liés à la mobilité sont en effet une des préoccupations majeures des jeunes et des familles. Nos actions de prévention visent ainsi à favoriser une meilleure justice sociale concernant le droit à la mobilité. L’objectif de nos actions est donc de relayer la parole des jeunes et des parents face à certaines situations intolérables – de sensibiliser le grand public face à ces questions – et d’interpeller les pouvoirs politiques (locaux et régionaux) afin d’envisager des pistes d’actions pour une politique de mobilité accessible à tous !
Après la publication et la diffusion d’une carte blanche en janvier 2020, le collectif a réalisé en 2021 des capsules vidéo, créées par des jeunes, et ce en lien avec les droits bafoués précités dans ladite carte. Ces vidéos ont mis le focus sur les difficultés quotidiennes que les jeunes et les familles peuvent rencontrer en termes de déplacements et qui bafouent une série de droits fondamentaux, entravant ainsi leur développement. Le but était de mener une campagne de sensibilisation, touchant un public plus large, sur l’accroissement exponentiel des problématiques liées à l’absence ou au manque de mobilité physique et/ou social et de leurs incidences sur l’accès à des droits primaires. Toutes ces difficultés se sont accentuées avec la crise. Ces capsules vidéo ont été diffusées durant la semaine de la mobilité, avec la présentation d’une capsule finale portant sur une interpellation porteuse de quelques recommandations à destination des autorités politiques.
En 2022, nous avons décidé d’aller à la rencontre de nos familles afin de faire émerger l’expression des jeunes autour d’injustices vécues. Nous avons donc récolté l’avis de notre public sur la thématique de la mobilité en partant de la question : « Jusqu’où va ton monde ? ». Les jeunes ont pu exprimer leurs idées sous différentes formes : fresque, slams, saynètes (happening), dessins, témoignages …
Le 21 septembre 2022, durant la semaine de la mobilité, nous nous sommes retrouvés, jeunes et professionnel.les, à Namur pour occuper l’espace public. Cette action citoyenne a permis aux jeunes de mettre en scène leur réalisation et d’échanger à ce propos avec la population présente. Une vidéo récapitulative de cette journée est disponible :
Voici nos pistes et nos recommandations :
Les constats partagés par les acteurs de la prévention dans toutes la fédération Wallonie/Bruxelles ont fait l’objet d’une recommandation proposée par le collège de prévention au gouvernement. En voici un extrait :
« La question des problématiques liées à la mobilité est reprise dans tous les diagnostics sociaux des Conseils sous diverses formes mais elle est prioritaire dans les zones les plus rurales des arrondissements/divisions. La mobilité réduite des jeunes précaires et de leurs familles induit leur isolement social, et un accès difficile, voire impossible, aux services d’aide et de santé, à l’emploi et la formation. Le manque de services sociaux ou itinérants dans certaines régions à faible densité de population est criant. »
« Les difficultés liées à la mobilité sont une des causes majeures de l’isolement des enfants et des jeunes en situation de précarité et de leurs familles. Le manque de solutions de déplacement induit leur isolement social et un accès difficile voire impossible aux services d’aide et de santé, à l’emploi et à la formation. Le Collège recommande de mettre en place un groupe de travail intersectoriel coordonné par des représentants du Collège de prévention et par l’Autorité Organisatrice du Transport (qui organise, au sein du SPW mobilité et des infrastructures, la régulation et la surveillance des transports publics en Wallonie) en vue de travailler sur un état des lieux et des propositions d’aménagement du réseau des transports en commun prenant mieux en compte les besoins de mobilité des enfants, des jeunes et de leurs familles ou familiers. Le Collège proposera notamment d’envisager la gratuité totale des transports pour les enfants et les jeunes jusqu’à 25 ans. »
C’est précisément à ce niveau qu’un membre du collectif Interpel’AMOs pourrait prendre une place afin de relayer la parole des jeunes et des familles.
A ce titre nous avons réfléchi à une proposition concrète (qui s’inspire des conventions relatives à l’article 27) qui consisterait à la mise en place d’une collaboration entre la TEC/SNCB et l’aide à la jeunesse afin d’offrir aux jeunes et aux familles la quasi-gratuité des transports publics.
Nous pouvons lire également que la gratuité des transports pour les mouvements de jeunesse (Scouts, Guides Catholiques de Belgique, Fédération nationale des Patros, Faucons Rouges, Scouts et Guides Pluralistes de Belgique) est mise en avant au TEC.
Sur cette base, il serait donc cohérent d’envisager le même avantage pour les jeunes qui fréquentent les services de l’aide à la jeunesse ?
A partir du Mémorandum mobilité inclusive 2024-2030, qui mentionne 4 priorités, notre collectif a souhaité cibler la recommandation qui consiste à garantir l’égalité d’accès au permis de conduire ainsi que la Garantie de l’inclusivité des formations et des examens permis de conduire. « En 2023, la capacité de conduire reste une compétence clé pour accéder aux services de base et à l’emploi. Mais l’accès au permis de conduire n’est plus du tout garanti pour les personnes peu qualifiées et/ou précarisées. Il est donc urgent de déployer à travers la Wallonie une offre de formation à la conduite spécifiquement conçue pour les personnes peu qualifiées et/ou précarisées, et de soutenir en particulier le développement de processus de préparation à l’examen théorique du permis de conduire adaptés aux publics de l’insertion socioprofessionnelle sur le plan pédagogique et psychosocial. » Il suggère « d’inciter et de subventionner la création d’auto-écoles sociales dans le secteur non-marchand ».
Comme vous le constatez, Il nous apparaissait judicieux de ne pas relever l’ensemble des problèmes pour cibler ici 3 recommandations réalistes qui incitent à se mettre autour de la table en vue d’aboutir à des mesures concrètes sur le court terme. La parole des jeunes est précieuse, à nous de ne pas la bafouer et de les accompagner vers un monde plus égalitaire.
Nous continuerons à porter ces revendications et les membres du collectif sont ouverts à dialoguer sur ce sujet. N’hésitez pas à nous contacter pour partager vos idées, vos préoccupations ou vos propositions. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour une politique de mobilité plus inclusive, qui garantira à chacun l’accès aux droits fondamentaux et à une meilleure qualité de vie.
Le GT Mobilité du Collectif Interpel’AMOs
Contact : Interpelamos@outlook.be